PC   La-Mulana   Action/Plateforme   2012  PAR Ralph 



« Finally, I reached La-Mulana. The adventure starts here ! »




La-Mulana est un jeu d'aventure (communément appellé Metroid-like) sorti en 2005 en tant qu'hommage aux jeux MSX, notamment Maze of Galious, avant de faire l'objet d'un remake sorti sur WiiWare puis PC en 2012. Nous ne parlerons pas en détail du jeu original mais son remake a définitivement amélioré pas mal d'aspects : outre un complet relooking et une OST remaniée, les mécaniques ont été modifiées, certaines zones et énigmes ont été légèrement changées, les boss ont été entièrement refaits et de nouveaux bonus ont été ajoutés. Ce remake se situe aujourd'hui comme la version définitive, même si cela n'empêche absolument pas de faire l'original, surtout que celui-ci est gratuit.

Ce qui ne change pas, en revanche, c'est le concept de base. L'histoire  se présente très brièvement : vous êtes Lemeza Kosugi, explorateur japonais sur les traces de son père disparu, et vous êtes enfin arrivé devant les mystérieuses ruines de La-Mulana, un antique donjon labyrinthique abritant selon les rumeurs le secret de l'origine de la vie elle-même. Vos outils de départ ne seront qu'un pauvre ordinateur portable et un fouet tandis vos amis ne seront que des indigènes dirigé par un vieillard fan d'informatique, le tout contre des ruines gigantesques abritant pièges, ennemis, énigmes tordus et huit gardians gardant l'accès au cœur des ruines.


Je pense qu'on va avoir un problème.


La-Mulana est un jeu qui se prend rapidement et facilement en main : Lemeza saute et frappe sur un plan 2D à travers la vingtaine de zones constituant le jeu. Si au tout début vous ne serez équipé que d'un pauvre fouet et un portable à peine capable de lire les tablettes qui parsèment les ruines, vous parviendrez au fil des aventures à ramasser de nombreux objets vous permettant de mieux vous adapter aux diverses situations tordues que vous rencontrerez. Outre de nouvelles armes, allant de la hache au katana passant par des lances et bombes, vous obtiendrez des capacités fort utile tant pour l'exploration des ruines que pour résoudre les mystères qu'elles abrites.

Car La-Mulana est un dédale gigantesque, au point qu'il en est impossible d'en faire une carte complète reliant toutes les partie vu que l'endroit ignore les règles les plus simples de la géographie. Chaque zone possèdent ses propres énigmes et type d'ennemis et il vous sera requis de les explorer de fond en comble, excepté les obligatoires zones bonus. Néanmoins, on peut noter une énorme diversité des ruines  dont les différentes sections possèdent chacun une identité graphique spécifique, s'inspirant de nombreuses mythologies, allant des récits orientaux aux mystères aztecs, tout en passant bien sûr par les mythes grecs et sumériens. Cela conduit à une rupture très claire qui peut paraître étrange pour certain, surtout lorsque vous passez d'un temple égyptien à une caverne remplie de lave.


Et vous aurez même droit à une tour avec des statues qui vous jettent des boucliers et des écrans de télévision. De quoi peut-on se plaindre?


Mais là où le jeu fait fort, c'est sa non-linéarité extrême. La-Mulana est un jeu très ouvert, trop selon certains points de vue. Si les quatre premières zones que vous visiterez en temps normal sont plutôt directes et relativement faciles, ce qui reste devient un autre problème. Vous passerez beaucoup de temps à vous balader à la recherche d'indices, donnés au compte goutte par des PNJ et des tablettes cachés plus ou moins subtilement dans les ruines. Il ne sera pas le moins étonnant du monde de devoir compléter 3 zones pour pouvoir affronter un boss, débloquant au passage de nouvelles énigmes ou améliorations pour Lemeza. Quant aux joueurs expérimentés, ils pourront se faire plaisir en choisissant l'ordre qui leur donne envie et seront capable d'atteindre l'une des zones finales sans avoir tué un seul Gardien.

Cette ouverture, en contre partie, se balance par une difficulté extrême. Nous ne le cacherons pas ici : La-Mulana est un jeu très dur. Il essaie, certes, d'être un minimum juste envers le joueur en lui donnant à peu près toutes les indications nécessaires pour lui permettre de résoudre les énigmes, mais ces astuces peuvent se retrouver plusieurs kilomètres loin du puzzle dont vous cherchez la solution. Des tablettes qui peuvent n'avoir aucun sens à première vue peuvent soudainement avoir une toute nouvelle signification plus tard dans le jeu et encore, celui-ci se garde bien de donner des indications précises.


J'espère que vous avez de quoi prendre des notes.


Car La-Mulana c'est aussi un jeu vicieux, qui vous balancera tout ce que vous pouvez imaginer à la figure. Outre les énigmes à base de bloc, vous aurez aussi les murs invisibles, les trappes qui vous ramènent en arrière, les sorties qui vous téléportent mystérieusement à l'entrée du niveau, les plates-formes qui s'écroulent, les interrupteurs (que vous aurez à actionner en utilisant des poids limité en nombre, pour ajouter au plaisir) qui activent des pièges, arrière-plan à examiner, énigmes où il ne faut rien faire, où il faut tout faire. Les ruines joueront sans cesse avec vos a priori et demanderont des gymnastiques mentales dont vous n'aurez jamais soupçonné l'existence. Ça, où votre patience à tester toutes les actions possibles dans une salle jusqu'à trouver la solution, après une ou quarante heure d'essais, selon votre chance.

Vous penserez tout de suite que le problème ne vient que des énigmes, conduisant à un jeu d'exploration tordu. Auquel cas nous sommes navré de briser vos espoirs : les ennemis ne seront pas non plus une partie de plaisir, surtout que chaque coup vous balancera en arrière. Aux chauve-souris qui volent de partout s'ajoutent les squelettes qui balancent leurs propres os, les chiens qui vous foncent dessus près à vous arracher la gorge, les ennemis volants qui vous envoient des rayons lasers, les bombes à tête chercheuse et les éléphants bipèdes qui avancent vers vous dans un couloir étroit. A cela s'ajoute bien entendu les mini-boss qui gardent de précieux objets et les fameux Gardiens qu'il sera obligatoire de tuer pour espérer avoir la fin du jeu.


Les monstres sont eux aussi tirés de mythologie diverses puis réinterprétés par les développeurs.
Ici, Anubis, dieu des morts, devenu personnage de Street Fighter.


Le tout donne au final une extraordinaire aventure, pouvant durer jusqu'à facilement quarante heure, si vous vous promettez de ne jamais utiliser des guides. De plagiat minable d'Indiana Jones vous deviendrez au fur et à mesure de votre progression un Terminator massacrant tout ce qui bouge dans sa route. Le jeu possède malgré tout un excellent rythme qui reste constant le long du jeu, redoublant d'inventivité pour créer de la tension et des situations demandant votre inventivité afin d'éviter une mort affreuse.

Cela est avantagé non seulement par la patte graphique efficace qui rend le jeu très agréable à l'oeil mais aussi grâce à l'OST, curieusement très dynamique pour ce genre de jeux. Ici, l'opinion entre les fans est plutôt mitigé dû aux notables différences entre les musiques originales et leurs remix. La supériorité de l'un sur l'autre est un tout autre sujet mais chaque musique colle très bien à la zone qui lui est attribuée. De manière plus générale, l'OST est d'excellente qualité, ne lassant que très rarement, et aide à plonger dans le jeu, que ce soit durant l'exploration ou les boss.

Il serait toujours aussi bon de parler de l'histoire, qui reste présente malgré qu'elle ne soit définitivement pas le point central du jeu. En apparence ignorée, vous apprendrez de plus en plus au fil de votre aventure sur la nature même des ruines et de ce qu'elles abritent, ajoutant une nouvelle motivation à continuer jusqu'au bout de votre quête. Les dialogues, malgré tout, restent assez rare et se contentent juste de petites astuces ou bien de petites scènes comiques afin de vous détendre avant de passer à un puzzle vous demandant d'apprendre la numérologie locale afin de progresser.


La-Mulana, où les monstres vous jettent dans des trous sans fond et où les vieux soulèvent des pilliers.


On reviendra, hélas, sur certain points qui serviront plus d'avertissement. Comme il a été dit plus haut, La-Mulana est un jeu très dur qui fera appel à votre sens de l'orientation, vos réflexes, votre réflexion, votre acuité visuelle et votre mémoire. Prendre des notes sur à peu près tout élément suspect est un quasi-obligatoire pour progresser, mais même cela ne vous tirera pas de toutes les situations. Si les développeurs ont été assez généreux pour vous donner des indications sur à peu près tout, celles-ci sont extrêmement cryptiques. Cela donne par moment des énigmes complètement tordues, vous demandant de naviguer entre plusieurs zones afin de trouver enfin la solution, ou bien un objet dont vous n'avez quelque fois pas idée de l'existence. En toute honnêteté, il n'y aura jamais de mal à quelque fois regarder une soluce ou demander de l'aide, même si cela est toujours dommage.

On pourra aussi reprocher les physiques qui peuvent être assez traître. Si Lemeza est beaucoup plus fluide et souple à manier que dans la version originale, il faudra toujours un léger temps d'adaptation afin de manier avec dextérité l'explorateur farouche. Et là encore, on ne pourra jamais éviter ce long moment de désespoir lorsqu'une chauve-souris nous fera tomber dans un trou, nous laissant impuissant face à notre personnage qui descend 4 écrans plus bas. De même, il peut se retrouver nécessaire de parcourir les zones à la recherche d'argent pour acheter un item indispensable parmi les marchants du jeu, ce qui se révèle souvent peu amusant et intéressant.

Enfin, et là il s'agit de quelque chose de plus personnel, il existe une contre-partie à l'énorme diversité des ruines, c'est qu'elle manque de cohérence. Vous passez d'un cimetière gelé à une tour technologique à un temple hébreux à ce qui semble être un ancien champ de bataille. Les ruines en elle-même n'ont pas d'identité globale et semble plus s'approcher d'un mélange de toutes les légendes et mythes que les développeurs ont pu trouver, ce qui peut être dommage selon les points de vue.


Au moins, il existe une zone dans laquelle on peut se reposer en paix... je crois.


La-Mulana n'est clairement pas un jeu tout le monde. Sa difficulté et son côté cryptique peuvent facilement rebuter malgré la relative facilité à le prendre en main, et nombre sont ceux qui abandonnent soit par manque de motivation soit par frustration. Néanmoins, ceux qui sont près à affronter le challenge de front se préparent à une aventure inoubliable, grimpant en intensité au fur et à mesure que vous avancez vers le secret gardé avec avarice par les Ruines. Il est tout simplement à découvrir et à faire, surtout si vous êtes intéressé par les jeux d'aventure et d'énigmes. Reste à savoir qui, du jeu ou du joueur, ressortira vainqueur de ce duel d'esprits.

Un mot pour la fin, Mulbruk ?



… Bon bah, va te faire voir.


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