I have no mouth and I must scream
Support : DOS, MAC
Version : Française (sigh)
Développeur : Dreamers Guild
Editeur : Cyberdreams
Genre : Point & Click
*S'installe dans la salle pendant que tout le monde discute d'autre chose*
Hum hum!
*Les regards convergent vers un titre pour le moins songrenu*
Mesdames (?) et Messieurs j'ai aujourd'hui l'honneur de vous présenter un jeu assez singulier!
Déjà, rien qu'en regardant le titre qui fait finalement pas mal d'effet, on peut se douter que le jeu n'est pas un exemple de rigolade... Et vous aurez tout à fait raison!
I have no tape and I must play
Le style de jeu est pourtant particulièrement connu et reconnu. C'est un simple point & click. Les fans de Lucas Art (Monkey Island, Day of the Tentacle) ne seront donc en rien dépaysé par l'interface du jeu. C'est du pur SCUMM (Script Creation Utility for Maniac Mansion) soit un moteur de jeux d'aventure point & click particulièrement reconnu qui consiste à cliquer sur un verbe dans l'interface (Regarder, pousser, donner) et de cliquer sur un élément se trouvant sur l'image des lieux (un objet, une personne) afin de déclencher une certaine action (Regarder table, pousser horloge, donner DS à Haganeren").
Un moteur assez révolutionnaire donc qui offre pas mal de possibilité. (Avant, les jeux d'aventure avaient même pas d'image et il fallait taper les verbes... Genre une petite explication sur ce qu'il y'a dans le coin, la liste des éléments avec lequel intéragir et hop! vous avez plus qu'à y foutre un verbe... Des détails assez amusants sortent de ces jeux mais là n'est clairement pas le sujet)
Bref, un moteur qui a donc fait ses preuves ce qui rend la chose particulièrement simple à diriger...
Les vieux de la vielle du Point & Click sauront utiliser chaque objet avec chaque objet dans l'inventaire afin d'en créer de nouveaux. Ici, deux draps font une corde ce qui était au premier abord, admettons le, loin d'être évident!
Bataille perdu d'avance contre un Dieu électronique hostile et sadique.
AM, Allied Mastercompute est un ordinateur surpuissant créée à la base par les États-Unis pour empêcher la troisième guerre mondial. Cet ordinateur était si puissant, ces composants si profondément enfoui vers le centre de la terre, la technologie si avancé qu'il prit conscience de son existence. Il mit en place le génocide de l'humanité et ne garda en vie que 4 individus, 4 personnes troublés par un sombre passé, habités par des figures tout droit sortis de leurs histoires respective et ayant chacun quelque chose à se reprocher... Ou à reprocher aux autres. AM a emprisonné ces 4 individus pour son amusement personnel et leur fait subir d'effroyable torture allant de l'amputation jusqu'à la torture psychologique dure, s'amusant de leur faiblesse pour mieux les frapper au coeur mais s'arrêtant toujours à tant pour les empêcher de mourir. Ainsi, les 4 êtres ont traversés plus de 109 ans de torture, ne pouvant même pas mourir pour mettre fin à leur souffrance ce qui les rend, pour ainsi dire, immortel. Aujourd'hui, AM propose a ces 4 êtres un nouveau jeu, un jeu qui les sortirait de leur tourment... Impossible de refuser bien sûr, AM tiendra-t-il parole cette fois ci?
Le scénario met donc en valeur une entité surpuissante, l'égal d'un dieu. Tout ce qui se trouve dans les mondes que vous traverserez sont issus de la capacité aux métaphore dont AM est pourvu, tous provienne plus ou moins du passé des personnages. Ces derniers devront faire face à leur peur et devront à racheter leur crime pour pouvoir avancer. I have no mouth and I must Scream étant l'un des rares jeux à empêcher le personnage de traverser une pièce simplement parce que ce dernier a une peur déraisonné du jaune. Une telle profondeur psychologique intervenant directement dans le système de jeu est ma foi fort rare. Vos personnages sont faibles, ils ont des peurs, ils ont des faiblesses, ils se laissent tenter, ils combattent, ils sont humains.
Il ne suffira pas seulement de combattre ses peurs et de se racheter pour vaincre AM, il faut aussi avoir une longueur d'avance sur lui et de faire des actions qu'il n'aurait pas prévu. Ainsi, AM se manifestera via des écrans vidéo, un chacal, un démon etc tout ces êtres prodiguant des conseils qu'il ne faudra pas nécessairement suivre au pied de la lettre. Le "bon" choix n'étant pas non plus obligatoirement le plus politiquement correct, le plus moral, il n'est en rien étonnant que le jeu fut interdit au moins de 18 ans en France puis qu'il ait été retiré des ventes. (Pas étonnant, mais franchement lourdingue tout de même!)
Même sans sang, le jeu est assez choquant pour paraitre être une véritable boucherie de part sa mise en scène.
Le traitement du jeu est donc particulièrement profond, là est la grande force du soft, ce n'est pas parce que l'on nous dit que quelque chose est impossible qu'elle l'est nécessairement, cette qualité sait être aussi un immense défaut.
I have no idea and I must progress
En effet, il pourrait arriver que votre progression vous amène à une impasse où le choix qui vous reste sera de vous suicider et de tout recommencer. Heureusement, vu la possibilité de passer les dialogues, c'est généralement pas bien long, de l'ordre de 10 minutes le plus souvent, cela en reste particulièrement pénible. J'ai eu par exemple le problème (le bug?) de ne pas avoir un certain dialogue alors qu'il aurait dû être débloqué. Afin de ne plus me laisser avoir, j'ai dû faire les choses et les actions dans l'ordre indiqué dans la soluce. Frustrant! Cela n'arrive peut être pas souvent mais lorsque ça arrive, on s'en souvient!
Il faut d'ailleurs préciser que le joueur devra fréquemment revenir sur ses pas pour voir si quelque chose n'a pas changé dans les différents environnements de jeu qu'il traverse afin de ne rien louper!
Heureusement, les développeurs ont pensé à une excellente chose. Chaque personnage a avec lui un livre. Il suffit de lire le livre pour avoir la définition d'un mot en particulier qui vous donnera un indice sur ce qu'il faut faire. Le seul compagnon réellement fiable avec la soluce de Alone in the Past en quelque sorte.
Le diable n'est pas particulièrement courtois, Il faudra cependant lui tirer les vers du nez! Attention de ne pas trop lui tirer la queue!
Enfin, la fin du jeu est absolument épouvantable avec bien des fins possibles et peu de bonnes dans votre cas, il vous faudra utiliser les bons objets sur les bonnes choses sans vous planter sinon, l'ordinateur risquerait bien de vous prendre de court. (Dans mon cas, dans les deux sens du termes, puisque si vous n'avez pas la dernière version de ScrummVM pour faire tourner le jeu (la 0.12), le jeu plantera de manière particulièrement flippante lors de l'un des derniers dialogues! (J'ai mis un temps avant de comprendre que c'était un bug, c'est dire!))
Mais cela rajoute à l'ambiance général du jeu qui est d'obliger le joueur à se débattre devant l'apparente absolue omnipotence de AM et de se démener contre une cause apparemment perdu d'avance.
Je ne saurais trop conseiller aux joueurs de faire plusieurs sauvegardes (J'en ai eu jusque 5!) afin de parer contre le fait de devoir tout recommencer. (Même si ça prend peu de temps, c'est lourd, croyez moi! ) Et puis, il est toujours intéressant de voir ce qu'il arrive lorsque l'on fait un choix plutôt qu'un autre.
I have no idea who adapt this game in Franch and I must kill him!
La version française est totalement adapté dans notre langue natal... Même les voix. (J'en entends déjà faire "Aïe".
Rassurez vous, les acteurs des personnages principaux sont tout de même très bien choisi. (Soit 70-80% des dialogues du jeu) On regrettera cependant des scènes particulièrement tendu assez gaché par la voix sans grande conviction de certains personnages. (Dont un petit enfant qui a tout simplement l'air de réciter son texte comme un poème à apprendre par coeur)
Mais cela n'aurait été rien si le jeu n'avait pas été tout simplement censuré.
Que l'on soit clair, le jeu ne propose pas vraiment de scène de grosse violence. C'est loin d'être du Manhunt à la violence gratuite et non réfléchis. (Ça aurait été le cas que je ne présenterais pas le dit jeu d'ailleurs)
Mais oui, les thèmes traités allant de l'assassinat jusqu'au viol sont dur, très dur pour un jeu et il est bien trop rare de voir de telles thématiques abordées ce qui rend le jeu très intéressant et bien plus profond.
La partie censuré n'est pas rien puisqu'il s'agit carrément d'un personnage qui n'est pas présent dans la version française. Et oui, normalement, AM ne torture pas 4 personnes mais bien 5! Le dernier larron étant un ancien scientifique nazi faisant des expériences sur des enfants juifs.
Évidemment, c'était le thème de trop, les version française et allemande en ont donc été amputé.
N'empêche que perso, je trouve qu'il est bien plus choquant de tuer du boche dans un quelconque FPS de la seconde guerre mondial sans grand message plutôt que d'assister à la rédemption d'un docteur allemands du troisième reich absolument affreux. Qu'on se le dise!
Après avoir testé ce parcours dans sa version anglaise, je peux affirmer que c'était VRAIMENT glauque mais que le chapitre était en même temps l'un des plus réussi! Dommage...
C'est des fois à la limite du ridicule... Franchement, la vielle place vide au milieu de la pièce fait vraiment tache!
La disparition de ce cinquième personnage ne s'est pas fait sans heurt!
Et avec cela, la version française a aussi quelques bugs mineurs, ainsi, on peut trouver à quelques endroits du jeu, une phrase parlée qui ne correspond pas à ce qu'il y'a écrit textuellement. Une phrase écrite en espagnol au lieu du français avec, heureusement, la voix toujours française pour la compréhension. Des broutilles quoi, et pas bien gênante sur le fond... N'empêche que ce manque de finition fait clairement tâche!
Une ambiance romanesque
Il est sympa Haga, il vous propose un jeu choquant, buggé, amputé et lourdingue a jouer! De quoi vite cibler le personnage!
Et pourtant, l'ambiance du jeu excuse tout. Le jeu étant encore beau à l'heure actuel selon moi, avec une 2D qui n'a pas pris une ride. Certain personnage ont peut être un peu de mal à s'insérer dans le décor. (On voit bien que c'est des sprites quoi)
Broutille!
Les musiques ne sont pas spécialement belle, mettent bien dans l'ambiance mais propose une intéressante originalité. Plus le personnage sera sur le chemin de la rédemption, plus il reprend courage et plus la musique devient dynamique et se met à posséder une touche d'espoir.
Cela m'a permis d'apprécier une musique qui, reconnaissons le, aurait été pas mal obsolète sans cela. Maintenant du coup, elle est un très bon atout du soft!
Mais sinon, comment une telle profondeur dans un jeu est elle possible? Sachez tout d'abord que I have no mouth and I must scream est le jeu tiré de la nouvelle de Harlan Ellison sortis en 1968 et portant le même nom. Ce dernier a activement participé au jeu (dont le scénario est différent de celui du bouquin quoique étant tout à fait cohérent avec ce dernier) et en a même écrit la plupart des dialogues et a donné sa voix à AM dans la version anglaise!
Une telle coopération entre un auteur et un développeur est selon moi, là d'où part la grande force scénaristique du jeu.
I have no word and I must conclude
Envoutant et passionnant. Voilà comment je décrirais ce jeu que j'ai finis en une journée, en me couchant fort tard tellement il a su me captiver. (Alors que j'ai plein de chose à faire, Damned!) Le soft n'en reste pas moins un Point & Click et il faut aimer tourner en rond un bon quart d'heure avant d'avoir l'illumination sur ce qu'il faut faire. (Ou carrément, avoir réussi à faire quelque chose simplement en testant les objets de l'inventaire sur ceux du décor au pif!) En bref, un jeu qui me marquera pour un bon moment!