La superbe combinaison entre la canicule et ma mauvaise santé m’offre généreusement la possibilité de finir ma pile de jeux. Je me fraye un chemin à travers plusieurs petits jeux achetés en rabais ou par curiosité sur ma Switch et sur ordinateur. Ma dernière victime ? The Almost Gone, de Happy Volcano.
Dans le genre “petit jeu d’énigme de quelques heures à peine”, The Almost Gone se pose bien. Si vous avez déjà joué à des point-and-click, les mécanismes de Almost Gone ne vont guère vous surprendre. Pointez, cliquez, inspectez des objets, résoudre des énigmes. Les forces et faiblesses du jeu résident dans sa présentation graphique et son histoire.
Visuellement, le jeu est sobre, minimaliste et fort joli si on apprécie ce genre de visuels. Vous naviguez entre différents dioramas que vous pouvez explorer à votre guise, les zones d’intérêt s’agrandissant, comme vu par une loupe, sur les cotés de chaque dioramas. Maintenant, aussi sympa qu’est cette présentation, elle n’est pas sans problème : naviguer entre les différentes pièces au stick est frustrant, si bien que j’ai finit par y jouer entièrement avec le curseur pour m’éviter des frustrations. Peut-être suis-je seulement confuse à ne pas savoir quelle direction incliner le stick, mais ça me semblait très étrange et pas correspondre à ce que ça devrait, un peu comme s’il fallait incliner à droite pour aller à gauche. Fort heureusement, il y a des flèches que vous pouvez cliquer avec votre curseur ce qui rend la chose plus lente, mais moins frustrante. De manière générale naviguer ce monde de dioramas n’est pas une mince affaire au début, surtout pour s’orientier, mais on s’y fait plutôt bien au bout d’un petit moment.
À ceci se rajoute cependant un problème un peu plus important, partagé entre pas mal de point-and-click : des fois, si vous ne cliquez pas au bon pixel près, vous allez rater l’élément qui vous fera avancer dans l’histoire. Plusieurs fois je me suis retrouvée à tourner en rond sans comprendre ce qui me manque. J’avais pourtant bien cliqué sur cette étagère et j’ai eu qu’une ligne de dialogue, mais le jeu m’a bien laissé un indice que le plus gros livre contient un secret… bon martelons cette étagère et, ô miracle ! Effectivement, il fallait cliquer sur un bout précis du meuble pour avoir la suite ! La petitesse des dioramas n’aide pas réellement : si le curseur change bien d’apparence pour indiquer qu’un élément peut être inspecté, des fois plusieurs éléments se superposent ou sont assez près l’un de l’autre pour que le curseur reste sous forme d’oeil, donnant l’impression qu’il s’agit du même objet à inspecter. Ceci dit, comme les dioramas sont justement petits, et que le jeu vous confine à un set de dioramas précis avant de s’ouvrir d’avantage, ce genre de coquille ne vous bloquera jamais longtemps.
Les énigmes sont un peu décevantes... Pourtant elles partent d'un bon principe : Être liées aux goûts et intérêts des gens qui peuplent l'univers du jeu ce qui permet d'obtenir des informations autour du scénario. Du coup, il est dommage de régulièrement rencontrer cette même énigme à base de chiffres à trouver pour avoir un code. Le problème étant que ce genre d’énigme se force sans trop d’effort. Plusieurs fois j’ai sauté un bout du jeu car j’avais 3 chiffres sur 4 et que du coup trouver le dernier était seulement une question de faire toutes les combinaisons, ce qui était moins prise de tête que de regarder ce que j’ai raté. Parfois, j’ai forcé sans même réaliser. Parfois les énigmes ne sont pas très intuitives, même si c’est l’exception. Parfois, leur idée est vraiment sympathique. À un moment, il faut trouver des pions des gens de votre voisinage pour les placer sur les boîtes à lettre respectives. Vous devez donc associez les bons voisins aux bonnes maisons, inspecter les habitations pour voir qui y habitent et en apprendre plus sur eux. Un moment fort intéressant… ou facile à forcer, à juste placer les pions sur les boîtes à lettre jusqu’à tomber sur les bons. Vous voyez le soucis ? Le jeu raconte son histoire par les énigmes, mais les énigmes sont facilement résolu sans accéder à tout ce que le jeu veux véhiculer.
Et l’histoire du coup, parlons de l’histoire. Vous incarnez une jeune fille du nom d’Emily piégé dans une sorte de monde étrange, entre la vie et la mort, et vous revivez plusieurs moments du passé et du futur. L’histoire n’est jamais explicitement décrite, tout se passe par des sous-entendu concernant Emily même, alors que vous apprenez des choses plus concrètes sur sa famille, mais même là, les choses restent partiellement inexpliquées. Vous apprenez bien rapidement que la mère souffre d’une maladie mentale, mais jamais, vous apprenez quoi exactement, par exemple. Il en va de même pour à peu près tous les éléments. Le jeu vous laisse le soin de connecter les éléments scénaristiques entre eux pour en dresser le portrait complet et remplir les trous avec vos propres hypothèses. C’est à la fois très sympathique, et à la fois trop cryptique. Une fois aux crédits, je ne me sentais pas satisfaite au point de faire une recherche google seulement pour réaliser que j’étais arrivée aux mêmes conclusions que d’autres joueurs. Et pourtant, je me sentais toujours sur ma faim. Sûrement parce que l’histoire est très déprimante. Ils ont beau donner un avertissement au début que le jeu aborde des sujets sensibles, il y a beau y avoir aucun être vivant dans ce décors de dioramas et il y a beau y avoir que des soupçons, personne dans cet univers a une vie heureuse. Tout est catastrophe et abus et sur un jeu aussi court, il faut admettre que j'ai trouvé certains moment vraiment pesant. Maintenant, nous explorons la vie d'une petite fille mourante, admettons que ça aurait été surprenant que l'histoire se nourrit d'amour et d'eau fraîche. On peut même dire que hey, dans un jeu où on ne parle ni voit une seule personne, être touchant est un exploit. Le jeu réussi bien à émouvoir avec peu. À ceci se rajoute une excellente OST ambiante pour mettre une ambiance glauque à souhait par moment, mettant plutôt mal à l’aise. L’ironie entre la réalité du jeu et le nom du développeur et son logo d’un petit volcan content de sa vie est assez amusante.
Pour qui aime ce genre d’histoire, The Almost Gone ne va pas décevoir, bien au contraire. Il laisse tellement de possibilités d’interprétations et d’hypothèse possible qu’on peut y faire analyse sur analyse. Ainsi, je ne serais pas surpris si on peut appliquer les cinq étape du deuil sur les 5 chapitres du jeu. Ça correspond plutôt bien aux thématique. Plein d’éléments qui peuvent être inspecter mais n’ont aucun utilité pour une quelconque énigme, se laissent sans outre glisser dans vos hypothèses de se qui s’est passé dans les non-dits.
Bref, The Almost Gone est une expérience étrange, non parfaite, mais unique que j’ai su apprécier, même si je l’ai pas non plus adoré. Ma Switch me dit que j’y ai passé deux heures ou plus, pour vous dire à quel point il n’est pas très long. À 15 balles sur steam, ça peut paraître cher payé l’expérience pour certains, mais en rabais, il n’y a pas trop à hésiter.
Et comme d'habitude, la petite vidéo de fin ~