Les RPG qui n'ont jamais été édités hors du Japon sont légion sur Super Famicom. Hourai Gakuen no Bouken! Tenkousei Scramble, unique jeu développé par un studio inconnu du nom de Dynamite, ne fait pas exception à la règle. Édité par J-Wing en 1996 sans grand succès, c'est par miracle qu'Aeon Genesis a décidé de le traduire. Jetons donc un œil à cet étrangeté que même les Japonais semblent avoir plutôt ignoré !
Après vous avoir assuré que le jeu était une fiction et que toute ressemblance avec des personnalités ou évènements réels était purement fortuite "même quand ce n'est clairement pas le cas", l'intro continue. Vous incarnez un garçon ou une fille (au choix) et vous débutez dans l'espace aérien du sud de Japon, à bord d'un avion en direction de l'île d'Utsuho où se trouve l'école la plus bizarre de l'archipel : L'Hourai High School ! Cette école gigantesque comptant, à en croire les informations plus d'un million d'élèves et professeurs (!), semble être un aimant à péripéties sans queue ni tête. Et vous allez commencer fort ! En effet, une hôtesse de l'air irritée décide de vous envoyer à votre destination par le moyen le plus rapide : En vous éjectant de l'appareil avec un parachute ! Après un atterrissage forcé à travers un toit dans une foule d'élèves, vous voilà dans le campus d'Hourai. À peine l'année est-elle commencée que vous vous êtes déjà fait remarquer ! Vous aurez la chance de rapidement vous faire des amis, cependant, qui se trouvent être les élèves derrière le journal du lycée, un canard du nom de Hourai Sports... et vous aurez même l'honneur de prendre la place du membre absent... à cause de son séjour à l'hosto qu'il vous doit à vous pour votre atterrissage forcé de début d'année. Mais le cours de votre nouvelle vie estudiantine va vite être troublée par l'instauration d'étranges lois oppressives qui semble orchestrée depuis les coulisses...
C'est sûr que ça change du bus scolaire pour la rentrée... Bon, au moins, vous vous êtes déjà faits des potes.
Certains pourraient, à la vue de ce scénario délirant prenant place dans un setting moderne, faire le parallèle avec MOTHER 2. Et ils n'auraient pas tout à fait tort puisque Hourai Gakuen no Bouken! est lui aussi, outre son univers barré, un RPG classique avec des combats à la première personne. La progression, par contre, est tout à fait différente : Elle se base logiquement sur une map du campus dont les différents "villages" sont ses quartiers et dont on re-visitera régulièrement les bâtiments principaux. Les limites de ladite map s'élargiront au fur et à mesure des chapitres qui nous font avancer dans l'année scolaire pour laisser dévoiler des zones plus exotiques et moins... "scolaires".
Vous devriez vous familiariser assez rapidement avec ces maps.
Du coup, vu la structure de l'environnement du jeu, les combats sont eux des random encounters. Et ça, putain, vous allez le savoir : Il y en a SANS ARRÊT. La fréquence de leur occurence est très haute, si bien qu'il est souvent impossible de marcher 5 secondes sans vous faire agresser. Les combats en question font plutôt penser à Dragon Quest vu leur classicisme, même s'ils gardent de MOTHER 2 un début relativement laborieux vu la puissance des ennemis. Cependant, le déséquilibre initial s'inversera très rapidement ce qui rendra le jeu, au contraire, terriblement facile pour le reste de l'aventure. En effet, votre équipe sera vite au complet, et vos ennemis ne résisteront pas longtemps même à vos simples coups normaux ; d'autant plus amplifiés par l'incroyable taux de coups critiques et la générosité dans la distribution d'expérience dont le système de combat fait preuve. Rajoutez à ça le fait qu'un perso qui augmente de niveau voit sa vie et sa magie entièrement restaurées, et votre équipe devient vite une armada de machines de guerre. Bref, les combats sont franchement vides et impliquent vraiment pas le joueur dans l'action.
Les combats sont très classiques. Mais le vrai problème, c'est le fait que devoir faire preuve de stratégie relève de l'exception...
Et un tel manque de subtilité est relativement dommage, puisque le jeu était franchement complet. Il y a pas moins de 17 personnages jouables (!), un système de Friend Points à leur accorder pour rendre accessible un pouvoir leur étant propre à chacun, ainsi que tout un réseau de clubs à rejoindre qui vous permettent d'apprendre des sorts particulier au fur et à mesure de vos combats, avec notamment des sorts issus de combinaisons de clubs. Cependant, en plus de ne pas souvent être mises à profit dans des combats qui ne requièrent que rarement beaucoup plus que de masher le bouton d'attaque, ces additions souffrent elles aussi d'un déséquilibrage : Des 17 persos, à peine la moitié ne sera vraiment sollicitée, et on oubliera bien vite les Friend Points et les pouvoirs peu utilises qu'ils permettent de débloquer. Les clubs sont certes plus intéressants, mais leur utilisation est trop bordélique et incertaine que pour être vraiment exploitables : En voulant rejoindre trop de clubs différents, j'ai fini par perdre mon sort offensif le plus puissant et tous mes sorts de soin sans vraiment comprendre pourquoi. Bon, c'est vrai que c'est pas comme si j'en avais vraiment eu besoin non plus, mais ça reste un peu con.
Il y a plein de persos, plein de clubs, et tout... mais peu d'opportunités pour les rendre véritablement utiles.
Cela dit, malgré ces lacunes évidentes, le gameplay arrive tout de même à garder notre attention. Comment ? Hé bien, à l'aide d'un humour tout particulier distillé à travers l'ensemble de son interface. Que ce soit dans les noms des statuts (où de la paralysie à la confusion, on passe à l'embarrassement et aux phéromones !) ou dans celui des sorti des sorts (pour soigner toute l'équipe de l'embarassement, lancez Générique d'Anime !), sans oublier les différentes pièces d'équipement du style "Oreilles de Chat" et autres items comme le "VHS de Kung-Fu", tout est pensé pour relooker le classicisme de fond du jeu. Les clubs ne sont pas en reste : Si les clubs de base centralisé au Centre des Clubs sont du genre Kendo ou Sciences, vous pourrez aussi trouver des clubs cachés ça et là sur l'île d'Utusuho... comme le club d'Alchimie ou de Catch Féminin ! Lors des combats, où vous vous bastonnerez souvent avec des thugs ou des profs colériques, il arrivera aussi qu'un ennemi semble esquiver votre attaque mais se fasse quand même ramasser au final... ce qui sera commenté par le prompteur : « L'ennemi a esquivé votre attaque... ou pas. C'est dur la vie. »
Tout a vraiment été revu pour créer un nouveau monde de jeu complètement original.
C'est ça qui rend ce jeu intéressant : Malgré son gameplay relativement pauvre, le jeu donne vraiment l'impression de nous propulser dans un anime de lycéens à la School Rumble ou Azumanga Daioh. Le scénario est un immense délire, et les évènements sont gratinés de répliques aussi drôles chez les persos principaux que chez les NPCs. Les développeurs ont vraiment fait un effort pour nous projeter dans un univers complètement différent mais crédible jusque dans ses moins détails. Aux délire anime auxquels on s'attend tous, ils ont aussi rajouté des tas de nouveaux trucs, les scénaristes ont rajouté tout un tas d'éléments propres, comme trois milices qui se font constamment la guerre pour imposer leur lois, un voyage scolaire raté qui finit sur une île déserte ou encore "7 Merveilles" mystérieuses à découvrir en sidequest ! Certes, la réalisation est franchement limite, même pour 1996 : Les graphismes globaux sont relativement archaïques même si les sprites des ennemis lors des combats, largement plus beaux et détaillés, sauvent un peu la mise ; et l'OST, si elle colle plutôt à l'ambiance, est loin d'être mémorable malgré que ce soit un compositeur de renom comme Hitoshi Sakimoto (Ogre Battle, Final Fantasy Tactis, Opoona, etc) qui s'en soit occupé... à l'exception peut-être de Boss Battle, une track de pure techno. L'aspect technique tout de même acceptable, suffisamment pour qu'on puisse apprécier le petit monde d'Hourai à sa juste valeur.
Les répliques du genre sont légion et fuseront à travers toute l'étendue de l'île d'Utusuho.
Soyons honnête : Hourai Gakuen no Bouken! sonne un peu creux. Ça ne veut pas dire qu'il soit désagréable à jouer pour autant ; s'il a des défauts évidents, le problème du gameplay réside plutôt dans un manque d'équilibre qui le rend morne. Après, il est clair que c'est dans son univers anime-like déjanté que le jeu se démarque, et ceux qui seront suffisamment curieux de le découvrir feront aisément le saut dans l'aventure.