Super NES / Super Famicom   Clock Tower   Survival horror   1995  PAR Weldar 



Clock Tower


Clock Tower est un étonnant jeu d’aventure Point-and-Click développé sur SNES en 1995 au Japon par Human Entertainment. Premier opus d’une série de quatre épisodes dont la particularité n’était pas de jouer sur la violence, mais sur la peur d’être capturé par des antagonistes. Le personnage principal étant un simple et faible humain.
Clock Tower est aussi l’un des précurseurs du style Survival Horror, genre se démocratisera rapidement aux années suivantes. Cette saga, et tout particulièrement le premier opus, est peut-être moins connue du grand public du fait d’une distribution limitée uniquement au seul territoire japonais. Paradoxalement, c’est l’épisode fondateur qui a connu le plus de conversions entre l’original sur Super Famicom, dont il sera très vite suivi sur PlayStation, sur PC et enfin sur WonderSwan…


"Frère Domino, que fais-tu quand tu emmènes des jeunes filles dans ta maisonnette perdue dans une sombre forêt. Amen." "Je leur montre mes cisaillettes. Domino-Mino, Domino-Minette!"

En 1995, en Norvège, quatre orphelines, Jennifer, Lotte, Anna et Laura sont adoptées par Marry Barrows qui vit dans un grand manoir coupé du monde, surnommé le Clock Tower en raison de son immense beffroi.
Madame Barrows conduit les quatre filles dans le hall principal du domaine et leur demande de patienter jusqu’à son retour, allant chercher son mari. L’attente est longue et c'est alors que Jennifer (l’héroïne) décide de faire un tour, mais en s’éloignant du hall, elle entend un cri terrifiant. Elle revient sur ces pas et constate que tout le monde a disparu et que l’obscurité a envahi les lieux…


On le devine bel et bien qu'on se dirige vers un endroit sympathique... ///// ... et tu auras l'occasion de t'en rendre compte, huhu.

En s’aventurant de nouveau dans le manoir, elle découvrira avec effroi qu’un être effroyable, le "Scissorman", un nain défiguré, armé d’une paire de ciseau gigantesque, commencera à chasser la jeune fille à travers tout le manoir. Jennifer devra donc trouver un moyen de quitter ce mystérieux manoir, devenu une prison, et de retrouver, si possible, ses amies…

Cette base permet ainsi de créer une tension permanente en instaurant le jeu du chat et de la souris entre Jennifer et le "Scissorman", ainsi qu’une atmosphère mystérieuse du fait d’un scénario évoluant peu, juste à travers des images et des pistes que le joueur peut trouver en explorant le manoir, les dialogues étant rares.


"On dirait que c'est dangereux, mais j'entre quand même!" //// Scissorman lance : - "Bisou surprise!" - C'est très efficace!

Selon des observations, Clock Tower s’inspire pas mal du film Phenomena de Dario Argento où le jeu vidéo partage plusieurs points communs (le contexte, l’héroïne ressemblant à Jennifer Connelly, le tueur…), ainsi qu’à d’autres films du réalisateur italien. Le cadre du jeu reste pour autant classique dans le genre, mais l’absence d’un dirigisme dans l’histoire permet de comprendre petit à petit ce qui se trame dans ce monde, ce qui le rend intriguant.


"Règle numéro 1 du parfait tueur en série : Semer des pistes évidentes pour attirer votre proie."

L'une des particularités de Clock Tower est la multitude de fins possibles (souvent tragique, comme un film d’horreur traditionnel) et envisageables selon les actions qu’aura faite Jennifer dans le manoir. Une action qui peut être d’une banalité comme de résoudre une énigme dans tel ordre, ou d’être allé dans tel lieu dans un sens. Ces démarches sont assez obscures si on n’est pas aidé par une soluce, car il est peu évident de connaître la trame à suivre pour arriver à telle fin, hormis de chercher à jouer différemment durant sa première partie. Certaines actions sont communes pour chaque fins, mais d'autres interviennent différemment suivant la façon dont on joue. Le jeu n'est pas bien long (3/4 heures, plus ou moins, lors d'une première partie si on explore le manoir dans son ensemble), facilitant ainsi la replay value sans être trop pénalisante.

Effectivement, Clock Tower est avant tout un jeu d’exploration et de Point-and-Click où le but est de parcourir un château et d’interagir avec les différents éléments du décors pour résoudre des énigmes jusqu’à quitter la maison du Diable. Avec l’aide d’un curseur que le joueur devra balader pour faire déplacer son avatar (de droite à gauche seulement), d'ouvrir une porte pour entrer dans une salle, ainsi que de fouiller et observer les différents objets peuplant une pièce.


Résoudre certaines énigmes vous permettront de découvrir de nouveaux indices ou objets pour progresser dans votre évasion de la demeure, ainsi que de comprendre la trame de cette horrifique histoire...

Ces interactions sont donc primordiales pour récupérer des indices qui résoudront les différentes énigmes du jeu, comme de récupérer un insecticide pour faire fuir les insectes (mortels) dans une chambre froide, ou de connaître une combinaison pour ouvrir un coffre.

Le jeu n’est pas du tout linéaire. Comme il a été dit, on peut aborder la découverte de cette grande maison dans le sens qu’on veut, même si le jeu reste progressif. Les possibilités pour progresser sont nombreuses, mais on peut malgré tout arriver à un stade où on ne sait plus quoi faire et on erre péniblement à la recherche d’un nouveau mécanisme qui débloquera une nouvelle piste pour progresser. L'exploration est parfois poussive selon la logique du joueur.


Certaines interactions auront un impact sur la fin du jeu... ////// Utilisez les objets que vous avez récupérer pour déclencher un mécanisme en la confrontant à un élément du décor...

Néanmoins, l’aspect enquête demeure intriguant grâce à une ambiance énigmatique mélangeant angoisse, horreur, sorcellerie et secrets de famille. Il faut sans doute refaire le jeu plusieurs fois, sous des angles différents pour comprendre l’ensemble du scénario. Toute l’histoire ne sera pas forcément dévoilée à votre première partie.


"Je me présente, je m'appelle Bobby. Je voudrais bien réussir ma vie, faire frisonner."

L’exploration n’est pourtant pas l’aspect le plus important du jeu, car la grande identité de ce Survival-Horror est ce tueur psychopathe, le "Scissorman", qui poursuivra Jennifer jusqu’à la fin du jeu. Ce nain attaque aléatoirement l’héroïne, car suivant vos parties, il n’apparaîtra pas toujours au même endroit, perpétrant ainsi la nervosité la découverte d'une nouvelle pièce de la demeure.

Le facteur aléatoire incarne aussi une spécificité de ce jeu, car outre les apparitions du "Scissorman", l'emplacement des pièces, comme des objets, peuvent changer d'une partie à l'autre. Le joueur qui recommence une partie et qu'il croit tout connaître du jeu, restera pour autant toujours sous tension, car le jeu réussit toujours, avec cette faculté, à rester imprévisible.


Le tueur à la cisaille n'est pas la seule menace, d'autres dangers peuvent guetter Jennifer... //// C'est aléatoire et souvent fatal, mais il existe des pièges de ce genre... Attention au miroir démoniaque...

Malheureusement, "Scissorman" n’est pas le seul danger de la maison, il existe d’autres pièges et créatures cachées dans l’ombre, souvent fatals si on tombe sur eux… Ces pièges sont eux aussi aléatoires.
La force de ce jeu d’aventure est d’instaurer un stress permanent chez le joueur où il ne pourra jamais anticiper un piège quand il fouillera une salle.

Quand Jennifer sera traquée par le "Scissorman", il n’existera pas d’autres alternatives que la fuite. Jennifer est une héroïne sans défense et non un militaire surentrainé (coucou Chris), et le seul moyen d’échapper au tueur est de se cacher. Notons aussi que cette chasse n’est pas délimitée à une zone, "Scissorman" peut vous poursuivre partout, ce qui rend ainsi le nombre de cachettes plus nombreuses, sous le lit, dans un container, derrière un rideau… Attention cependant à ce qu’un détail de l’environnement ne vous trahisse pas ou que le tueur ne vous ai pas vu (il n’est pas bête à ce point), mais inversement, vous pouvez gêner la progression du tueur en faisant tomber une échelle…


Le Pedobe... "Scissorman" vous poursuivra dans tout le manoir tant que vous ne serez pas caché. ///// Vite! Dépêchez vous de trouver une cachette avant que le nain débarque dans la salle!

Une fois que Jennifer est cachée, ou éloignée du tueur, il faudra attendre que la traque se termine quand le stressant thème musical se coupera…

Par ailleurs, Jennifer ne dispose pas d’une barre de vie, si elle est attaquée par le tueur, ce sera automatiquement mortelle pour elle…

Cependant, l’héroïne dispose d’une barre d’anxiété (le portrait de Jennifer en bas à gauche) qui représente son niveau de stress, pouvant aller du bleu (calme) au rouge (panique), et qui montera à chaque fois qu'un événement marquant arrivera comme la rencontre avec le "Scissorman", Le niveau de stress influe le "Panic Mode", où le joueur doit appuyer frénétiquement sur un bouton pour fuir ou se défendre lors d’une situation. Plus le niveau de stress est élevé, plus le joueur devra appuyer vite s’il ne veut pas périr face à un événement comme une agression du tueur ou de trébucher durant la course poursuite. Pour retrouver un niveau de stress normal, il faut se reposer pendant un moment (et les pauses seront nombreuses, huhu...).


L'emplacement des salles change d'une partie à l'autre, la fouille n'est jamais rassurante dans ce jeu. //// On peut faire de charmantes découvertes dans le manoir des Barrows.

Il n'est pas forcément nécessaire de tenir compte de la barre d'anxiété en temps normal, mais seulement dans certaines situations précises. Jennifer ne mourra pas d'une crise cardiaque si on passe notre temps à courir dans le manoir avec la barre en rouge...


La maison économe : pas d’électricité, pas de musiques.

Quant à la maniabilité, elle est assez particulière. Le déplacement du personnage et les interactions via un curseur sont assez rigides avec la croix directionnelle de la SNES. La croix directionnelle, c'est le mal pourront s'écrier certaines personnes. Il faut s’y faire, mais cette dimension est intéressante à mon sens, car elle rend le joueur aussi vulnérable que l'héroïne. Cela rend le personnage assez réaliste, par cette dimension donnée.
Par contre, même en courant en cliquant deux fois sur une direction, Jennifer est assez lente, mais cela fait partie de l’ambiance au risque qu’elle exaspère certaines personnes.

Il n'y a pas de doutes, on est bien dans l'arc des vieux Survival-Horror aux maniabilités déroutantes, un bonheur!


Il peut débarquer de n'importe quel endroit, aucune pièce n'est sûre... ///// Si vous êtes confronté physiquement au tueur, appuyez frénétiquement sur le bouton approprié pour réguler le stress de Jennifer.

Le jeu dispose d’une ambiance musicale propre à ce type d’atmosphère frissonnante, composée par Kouji Niikura. Un silence glaçant quand on explore le manoir, un thème musical inquiétant quand un mystère se trouve dans un lieu, ou encore une musique bien nerveuse quand le "Scissorman" nous poursuit…
Il y a pas dire, l’ambiance est vraiment somptueuse, qu’elle soit musicale ou graphique. Les couleurs à dominance bleues et rouges (évoquant les films de Dario Argento, une nouvelle fois), les cut scenes par des jolies illustrations, le détail des décors et une prise de vue dégageant quelqu’un chose de pesant.
L'animation est, quant à elle, de bonne factures. Jennifer a des gestes très humain et l'effrayant "Scissorman" dispose de nombreuses animations, la plupart de ses "apparitions" sont uniques dans chaque pièces. Le détail est impressionnant de réalisme.

De plus, ce qui contribue beaucoup à l’atmosphère, c’est probablement le jeu du gameplay en rendant stressante l’exploration à chaque pièce, où on ne peut jamais prédire quand va arriver le "Scissorman". Cette peur s’empare du joueur partout dans le jeu, l’ambiance graphique et musicale ne font que d’embellir ce sentiment.









Clock Tower a cette réputation d’être l’un des jeux les plus terrifiants de la SNES en s’inspirant de vieux films d’horreur pour transcrire une ambiance mémorable grâce à un sentiment d’angoisse bien développé par le gameplay du jeu. Fort d’une maniabilité rigide et poussive, et d’une exploration déroutante, qui ne sont là que pour accentuer cette tension impliquant l’héroïne et le joueur.
Expérience antique et mémorable qui mérite d’être vécue et le noble "Scissorman" occasionne d’être autant reconnu qu’un Pyramid Head ou qu'un Némésis.


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